Quatre ans après la crise sanitaire, le télétravail n’est plus une parenthèse : il s’est ancré dans nos habitudes. D’après la Dares, près d’un salarié sur quatre travaille à distance au moins un jour par semaine. Et pour 70 % des cadres, c’est même devenu la norme. Selon une étude Ifop–Malakoff Humanis (2024), 8 salariés sur 10 estiment que le télétravail a un impact positif sur leur équilibre de vie.
Mais depuis quelques temps, les choses bougent. En septembre, JCDecaux, le groupe industriel français spécialisé dans la publicité urbaine, a imposé à ses salariés une présence de quatre jours au bureau par semaine, contre trois précédemment. Cette réduction du nombre de jours travaillés fait échos à celles déjà réalisées chez Free ou à la Société Générale, pour ne citer que des entreprises françaises.
Peut-on dire qu’on assiste, dès lors, à un inévitable retour en arrière ? Faisons le point sur un sujet complexe sur lequel plusieurs études se sont penchées.
Un usage inégal
Le télétravail s’est banalisé, mais pas pour tout le monde. Si la majorité des emplois de bureau peuvent désormais être exercés à distance, seuls 20 % des salariés non cadres en profitent. Dans les métiers de terrain, l’industrie ou la vente, le présentiel reste incontournable. Une fracture s’installe donc entre ceux qui peuvent aménager leurs horaires… et ceux pour qui le télétravail reste un luxe.
Un caractère vertueux pour l’environnement
Selon une étude du CREDOC (2022), en moyenne, l’écart d’émissions quotidiennes entre une journée en télétravail et une journée en présentiel est de 4,6 kgCO2. Ces gains sont massivement dus à la suppression des déplacements domicile-travail. Le télétravail participe ainsi à la réduction des émissions de CO2 des entreprises.
L’hybride, le compromis gagnant
Deux ou trois jours à la maison, le reste au bureau : c’est la formule toujours plébiscitée par les entreprises comme par les salariés. Elle combine autonomie et lien social. Mais ce modèle hybride ne s’improvise pas. Les experts insistent sur le rôle clé du management par la confiance : fixer des objectifs clairs, maintenir des temps collectifs, et éviter le contrôle excessif.
Mieux vivre, oui… mais pas à n’importe quel prix
Le télétravail améliore clairement la qualité de vie : 60 % des salariés disent mieux concilier vie pro et vie perso. Pourtant, un sur trois reconnaît travailler plus longtemps qu’au bureau. La frontière entre travail et vie privée se brouille, et la fatigue numérique guette. Pour éviter la surcharge, les entreprises comme les salariés redécouvrent les vertus du droit à la déconnexion.
Productivité : un équilibre à trouver
Bonne nouvelle : la plupart des études confirment que la productivité se maintient, voire s’améliore, à condition que le cadre soit clair et les outils adaptés. Les salariés bien accompagnés se sentent même deux fois plus engagés que ceux livrés à eux-mêmes.
Le rôle décisif des accords d’entreprise
Depuis 2020, plus de 7 000 accords sur le télétravail ont été signés en France. Ils définissent les jours à distance, les plages de disponibilité, ou encore les remboursements de frais. Ces règles partagées permettent d’éviter que la flexibilité ne tourne à la précarité silencieuse.
Retrouvez ici la synthèse de l’accord télétravail chez LCL : Le SNB/CFE-CGC signe l’accord télétravail ! – SNB LCL
Ce qu’il faut retenir
- Le télétravail s’est installé durablement et sa remise en question porte sur la répartition jours au bureau / jours en TT et pas sur sa suppression.
- Il participe à la réduction des émissions de CO2.
- Le modèle hybride est devenu la référence.
- Il améliore la qualité de vie, à condition de préserver les temps de repos.
- La productivité dépend surtout de la clarté du management.
- Les accords collectifs garantissent un télétravail équitable et durable.